Nous sommes les joueurs de l’esprit,
Les romanciers de l’onde,
Les séducteurs de pleurs aux yeux-arrosoirs
Qui honorent la finesse inutile de l’instant qui s’en va.
Nos cartes ont trop de dimensions pour nous donner destination
Mais nous sommes nos propres voies
Et nous naviguons juste sans compas.
Nous sommes les neuro-poètes, les cyber-langues
Qui agitons la néo-culture,
Et le futur qui se défend, se déphase,
Apeuré par le présent élargi par nos phrases.
Nous sommes des géants fêlés d’envergure,
Nous sommes l’hyper-neige, l’éco-flocon,
Les dés statistiques qui chuchotent la chance en ultra-son.
Nous sommes l’essai d’une terminaison
Qui se reprend,
Qui s’écaille…
Nous sommes les bouquets illogiques, les aéro-fleurs de nuage,
Les chercheurs niant l’esprit,
Les joueurs…
Les joueurs de l’esprit !
Victimes de notre puissance, nous sommes sacrés d’immanence,
Nous sommes l’holocène qui nous démange,
Nous sommes le Gange et l’androgyne,
L’automate s’étonnant d’enfance,
Les constellations blanches de nos épines.
Nos cris sont des sourdines
Car l’époque étrange se baigne de sérieux.
Mais nous, nous qui sommes les saules ensorcelés, les muses sans cithares, les prémisses frémissantes et les poètes équatoriaux,
Nous jouons l’abandon des mots !
Et souhaitons vengeance au malhommé qui d’humanité se débat.
Nos crypto-strophes sont des épées et des combats
Et la feuille nymphernale est une putain qui aboie.
Donnons-lui un os, un néologisme à ronger,
Jouons les drogues de nos méta-rimes engorgées
Et vendons la mort comme un produit à écouler
Car toutes nos morales sont préhistoriques
Et nos vastes torts comme d’intacts retraités
Dansent encore sur les accords de l’ancienne musique.
Seul l’hexadécimal exprime nos exits.
Utilisons-nous comme outil de plaisance
Et sanctifions l’orgasme d’où nait toute culture.
Nous sommes les joueurs…
Les joueurs de l’esprit !
Au carrefour des harmonies explosives s’exécutent les caresses,
Les envies,
Les nostalgies d’avenir
Les danseurs de souvenirs
Et les concours d’adresse.
Pour redoubler d’ivresse,
Nous devenons nos calembours,
Nos histoires ésotériques, nos labyrinthes
Et nos auréoles d’humour
Le jeu seul est amour !
Le jeu seul est totale humanité
Et nous jouons de nos idées.
Nous sommes le mystère de l’absolu nécessité du plaisir.
Nous sommes sans temps.
Et dans le sang de l’arène,
Dans la guerre engagée,
Dans l’agonale agonie des frères ennemis
Nous sommes le jeu qui sourit.
Dans la recherche de la vérité
Et dans le déni,
Nous sommes les joueurs…
Les joueurs de l’esprit !