Métronome sans désir
Désagrège ton tic-tac automatique,
Tes engrenages de cire
Qui fondent sous le soleil de nos sourires,
De nos pianos aux cordes sans loi,
De nos félines effluves efféminées
Et de nos éclats colorées qui gercent nos peaux de joie.
Métronome sans avenir
Désordonne ta mécanique
Métronome sans plaisir..
Je suis la musique !
Celle des nuages enflûtés, des cités sans saison, des pays sans prison,
Des matins qui chantent et des soirs qui dansent sans raison,
Celle des austères qui s’oublient,
Qui désobéissent pour la première fois,
Qui frémissent sans fin du feu follet de la folie
Et tombent amoureux des lacs…
Je suis le refrain de l’écume,
Des vagues, de leur ressac,
Du rythme enivrant des éléments immenses qui se détraquent.
Je suis l’enfant !
A l’affut des murmures du vent,
A la recherche d’une note,
Qui balade sa loupiote dans les cavernes et les manoirs
Et cherche refuge dans les armoirs,
Pour ses comptines aux tempos magnifiques,
Ses odyssées oniriques,
Ses épopées et ses histoires,
Qui bercent tous les soirs ses rêves bleus des jazz de l’espoir.
Je suis l’enfant et je grelotte
Car les foules et leurs menottes,
Et leur solfège séraphique,
Veulent noyer le blues mon antidote dans le noir méthodique
Et mutiler sans art l’amour des grandes mélodies.
Alors, loin dans l’infini, loin dans les grottes
J’imite la nymphe polyglotte,
Les symphonies avide du vivant et des fonds,
Les fougues du sang bouillant qui s’impriment d’unison
Et jouissent par les fenêtres le souffle court des passions.
Je suis la chanson !
La cadence du danseur aux instincts impatients,
La perle sans pudeur qui fait jaillir l’instant,
Le cri du coeur,
L’enfant éclot,
Les mille mystères et la magie du trémolo,
Je suis la voix des Hommes,
Les seins héroïques,
L’extase au-delà de la vérité,
Je suis l’origine de toute forme et la source de l’érotique.
Je suis la mort du métronome enkylosé.