Que nos espoirs disparaissent
Que nos bras s’anoblissent
Et que nos cœurs plongent dans l’innovation sans paresse
Que nos mensonges s’alourdissent
Que notre joie candide nous tue
Que des jours propices nous fassions des lendemains furieux
Que nos hématomes soient collectifs
Que nos hécatombes soient érotiques
Et que notre érotisme soit créatif
Que soient bannis les dieux, les lois et l’Histoire qui se répète
Que libérés des cieux, la danse immense de l’immanence nous pénètre
Pour que se renouvelle l’Art…
Que notre civilisation s’envole, que notre civilisation meurt
Que nous donnions une nouvelle esthétique à nos nouvelles valeurs
Que nous sachions souffrir
Que nos monuments s’effondrent
Que le chaos et son horreur soit le cadeau de nos erreurs
Que de nos villes, la grisaille gronde
Que nous creusions les tombes de l’ancienne beauté
Et que se soulève la liberté !
Qui fait le renouvellement de l’Art…
Que nos rimes ne riment plus
Que nous soyons chassés par le Printemps
Qu’en plein hiver, transis de froid, les os crissant, une nouvelle chaleur brûle dans notre sang
Qu’à l’aube de nos peurs notre marche soit décidée
Qu’à l’encre de nos pleurs des oasis soient dessinés
Où coule l’ombre pour un temps…
Que dans les tourbillons nous allions nager
Que l’ébranlement soit notre joyaux
Qu’un second soleil assèche nos implants de société et hypnotise nos idéaux
Que la sécurité soit une chimère
Que soit oubliée toute prudence
Que nos muses soient vulgaires pour crucifier de sexe la décadence
Que de nouveaux noms soient donnés
Que de nouveaux nombres soient comptés
Et que la musique de l’Homme change de cadence
Que s’éteignent nos phares
Que se taisent nos phrases
Que s’immolent nos feux devenus blafards
Que se concentre l’énergie tendue dans l’effort
Que trépassent les vieillards et triomphent les cafards
Que toute vie étreigne la mort
Et que dans l’implosion du monde se renouvelle l’Art !