Confluence

Gardons-nous de vivre !
Nous pourrions devenir ; ruisseler caméléon ;
En mourir.
L’avenir ?
Nos artistes s’en gorgeront
Et d’une mélancolie souveraine –
Qui s’engloutira de pénombre,
S’extasiera de fêlures,
Susurrera la solitude du monde
Et dénombrera par million les illusions dans les montres du passé –
Ils planteront un miroir sur notre vie fléchée.
Ils planteront la sublime épée au cœur du futur
Fané de fissures que nos chaussures ne peuvent plus fouler.
Avec grandeur,
Ils retourneront le Temps et ses espoirs,
Et chanteront nos aubes chaque soirs.
Avec lenteur,
Il feront de nos fugues des retours,
Et nous donneront comme conclusion
La matrice qui fut notre séjour,
La grotte originelle ou le tombeau,
La confluence primaire des ruisseaux.

Gémissant d’un nouveau matin crépusculaire
Nous éclorons d’œil pour peupler la tanière de l’advenir
Où se réfugient nos rêves – et avec eux, nos rires.
Mais que rire lorsque tout déjà fut ?
Nous ne prévoirons plus.
Nous vibrerons sans mot, ramenés à l’aune de nos corps,
Et de nos esprits frôlés par la vie qui dort encore.
Nous serons plus tard les aubes d’alors,
Les débris enchantés ressoudés en enfance
Coulant au cœur inversé des ruisseaux retournés
Pour trouver la mort égayée comme nouvelle naissance.